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Journée commémorative de l'Holocauste pour les Roms

Le génocide des Roms et des Sintis : un essai historique

Introduction

Les communautés rom et sinti, souvent appelées collectivement "Romani", ont enduré des siècles de persécution et de discrimination à travers l'Europe. L'un des chapitres les plus dévastateurs de leur histoire est le génocide commis à leur encontre pendant l'Holocauste, connu sous le nom de Porajmos ou Pharrajimos, qui signifie "la dévoration" ou "le dépeçage" dans les langues romani. La Journée commémorative de l'Holocauste des Roms, célébrée le 2 août, commémore les événements tragiques de la nuit du 2 au 3 août 1944, lorsque près de 3 000 hommes, femmes et enfants roms ont été exterminés dans le camp de concentration d'Auschwitz-Birkenau. Cet essai fournit un compte rendu historique complet du génocide des Roms et des Sintis, en le situant dans le contexte plus large de l'Holocauste et en soulignant l'impact durable sur les communautés roms.

Contexte historique : Persécution avant l'Holocauste

Avant d'aborder les événements de l'Holocauste, il est essentiel de comprendre le contexte historique des sentiments et des persécutions anti-Roms en Europe. Les Roms, originaires du nord de l'Inde, ont commencé à migrer vers l'Europe aux alentours du XIVe siècle. Dès leur arrivée, ils ont été confrontés à des préjugés, des discriminations et des violences généralisés. Ils ont souvent été marginalisés, soumis à des lois sévères et exclus de la société.

Au XXe siècle, de nombreux pays européens ont adopté des lois visant à contrôler ou à assimiler les populations roms. Ces lois prévoyaient des restrictions de circulation, une sédentarisation forcée et diverses formes d'exclusion sociale. Malgré cette longue histoire de persécution, l'ampleur et l'intensité de la violence à l'encontre des Roms ont atteint des niveaux sans précédent sous le régime nazi.

L'ère nazie : Idéologie et premières actions

La montée du parti nazi en Allemagne a apporté une idéologie raciale pseudo-scientifique qui classait les Roms comme "racialement inférieurs" et "asociaux". Les nazis considéraient les Roms comme une menace pour la pureté raciale de la race aryenne. Heinrich Himmler, l'un des principaux architectes de l'Holocauste, a manifesté un intérêt particulier pour la "question tsigane" et a plaidé en faveur de leur persécution systématique.

En 1936, l'Office central pour la répression des nuisances tsiganes a été créé et les communautés roms d'Allemagne ont été soumises à une surveillance accrue, au travail forcé et à la stérilisation. Les lois de Nuremberg de 1935, qui visaient les Juifs, ont également été appliquées aux Roms, les privant de leur citoyenneté et de leurs droits fondamentaux.

L'éclatement de la Seconde Guerre mondiale et l'expansion de la persécution

Avec le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale et l'expansion du contrôle nazi sur l'Europe, la persécution des Roms et des Sintis s'est intensifiée. Les nazis, ainsi que leurs collaborateurs dans les pays occupés, ont mis en œuvre des politiques qui ont conduit à la rafle, à la déportation et à l'extermination systématiques des communautés roms.

Dans les territoires annexés ou occupés par l'Allemagne nazie, tels que la Pologne, la France, les Pays-Bas et l'Union soviétique, les Roms ont été soumis à des mesures brutales. Nombre d'entre eux ont été regroupés dans des ghettos, soumis au travail forcé et finalement déportés dans des camps de concentration et d'extermination.

Les camps de concentration et d'extermination

Le plus célèbre des camps nazis est celui d'Auschwitz-Birkenau, où les Roms et les Sintis étaient isolés dans une section spécifique connue sous le nom de "Zigeunerlager" (camp de Tziganes). Les conditions de vie dans le Zigeunerlager étaient épouvantables, caractérisées par la surpopulation, la famine, les maladies et les expériences médicales menées par des personnalités tristement célèbres telles que le Dr Josef Mengele.

Camp de concentration d'Auschwitz (Photo © O.M. Gruber-Lavin y Ochoa)

Le génocide a atteint son apogée dans la nuit du 2 au 3 août 1944. Lors de ce qui est aujourd'hui commémoré comme le Roma Holocaust Memorial Day, les nazis ont liquidé le Zigeunerlager, envoyant près de 3 000 Roms, dont des femmes et des enfants, dans les chambres à gaz. Cet événement est l'un des symboles les plus poignants du génocide des Roms.

Si Auschwitz-Birkenau est le site le plus connu de l'extermination des Roms, d'autres camps, tels que Sobibor, Treblinka et Chelmno, ont également joué un rôle important dans le génocide. Dans ces camps, des dizaines de milliers de Roms ont été assassinés.

Collaboration et résistance

Le génocide des Roms n'a pas été le seul fait du régime nazi. Dans de nombreux pays, les autorités locales et les collaborateurs ont joué un rôle actif dans l'identification, le rassemblement et l'expulsion des populations roms. En Roumanie, par exemple, le gouvernement du maréchal Ion Antonescu a déporté des dizaines de milliers de Roms en Transnistrie, où nombre d'entre eux ont péri de faim, de maladie et d'exécutions massives.

En dépit de l'adversité écrasante, il y a eu des cas de résistance de la part des Roms. Dans certains ghettos et camps, les Roms se sont battus contre leurs oppresseurs, comme en témoigne la résistance armée dans le Zigeunerlager d'Auschwitz-Birkenau le 16 mai 1944, lorsque les prisonniers roms ont refusé d'être emmenés dans les chambres à gaz et se sont défendus contre les gardes SS. Bien qu'ils aient finalement échoué, ces actes de défi soulignent la résilience et le courage du peuple rom.

Reconnaissance et commémoration après la guerre

Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, le génocide des Roms n'a guère retenu l'attention. Les procès de Nuremberg, qui ont poursuivi les principaux criminels de guerre, ont largement ignoré les souffrances spécifiques des Roms. Pendant des décennies, leur sort a été marginalisé dans les récits historiques et la mémoire publique de l'Holocauste.

Ce n'est qu'à la fin du XXe siècle que des efforts significatifs ont été déployés pour reconnaître et commémorer le génocide des Roms. La recherche scientifique, la défense des intérêts des organisations roms et l'évolution de la sensibilisation du public ont contribué à une meilleure compréhension de l'impact de l'Holocauste sur les communautés roms.

L'instauration de la Journée commémorative de l'Holocauste rom, le 2 août, est une étape cruciale dans la reconnaissance et la commémoration des atrocités commises à l'encontre des Roms. Cette journée rappelle la nécessité de rester vigilant face au racisme, à la discrimination et au génocide sous toutes leurs formes.

Pertinence et défis contemporains

L'héritage du génocide des Roms continue d'affecter les communautés roms aujourd'hui. De nombreux Roms d'Europe sont confrontés à la discrimination, à l'exclusion sociale et aux difficultés économiques. Les efforts visant à obtenir justice, réparation et reconnaissance pour les victimes roms de l'Holocauste se poursuivent mais se heurtent à des difficultés considérables.

Les initiatives éducatives, telles que l'intégration de l'histoire du génocide des Roms dans les programmes scolaires, sont essentielles à la sensibilisation et à la lutte contre les préjugés. En outre, la représentation des voix roms dans les récits historiques et les pratiques commémoratives est essentielle pour favoriser une compréhension plus inclusive et plus précise du passé.

Conclusion

Le génocide des Roms et des Sintis pendant l'Holocauste est un chapitre sombre de l'histoire européenne qui doit être rappelé et reconnu. La Journée commémorative de l'Holocauste des Roms est une occasion solennelle d'honorer les victimes et de réfléchir à l'impact durable de cette atrocité. En comprenant le contexte historique, en reconnaissant la résilience des communautés roms et en relevant les défis contemporains, nous pouvons œuvrer à un avenir où les horreurs du passé ne se reproduiront plus. L'histoire du génocide des Roms n'est pas seulement un témoignage des souffrances endurées, mais aussi un appel à l'action en faveur de la justice, de l'égalité et de la dignité humaine pour tous.

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